Les sandales
La signification des sandales
Il faut y aller avec des sandales si l’on veut pouvoir admirer. Seul celui qui fait le chemin pas à pas s’aperçoit de la beauté d’une fleur, peut s’arrêter parler avec un autre marcheur, jouir de la brise sur la peau et lever les yeux au ciel. La poussière du chemin se colle aux pieds de celui qui marche avec des sandales. C’est quand on marche avec des sandales qu’on découvre nos limites, on sait que notre faiblesse, souvent, nous salit. C’est pour ça qu’un pèlerin ne juge jamais la saleté d’un autre marcheur et ne se croit jamais meilleur. Celui qui fait le chemin en voiture regarde la saleté des pieds du pèlerin avec mépris, mais celui qui porte des sandales sait et vit avec humilité. Et pour cette raison il est plus proche de Dieu (source qui lave mes pieds endoloris dans le chemin) et des autres fidèles. Une voiture représente la richesse, la possession de biens matériels, et signifie même que notre orgueil repose sur ces biens. Une sandale signifie austérité et pauvreté. Personne ne se vante d’une sandale. C’est la chaussure la plus simple, la plus élémentaire, étrangère à la complexité du dessin. Elle est seulement ce qu’elle est : une chaussure sans accessoires superflus. C’est pour ça que la sandale représente l’authenticité et celui qui la porte doit vivre dans cette pauvreté et dans cette authenticité. Dieu, évidemment, n’arrive pas en voiture. Dieu arrive en sandales, entre dans nos vies sans faire aucun bruit et il nous invite à le suivre sur le sentier de l’humilité, de la pauvreté, de l’authenticité et, bien sûr, de l’épuisement du chemin. Si l’on veut être compagnon du Christ (chrétiens), on doit abandonner la voiture (cette sécurité extérieure sur laquelle je m’appuie, cette soif de protagonisme, ce bruit qui étourdit…) et mettre les sandales de pèlerin. Le chemin (la vie), est une beauté que seule peut être contemplée et appréciée si l’on parcourt avec sérénité. Mais le chemin n’est pas seulement beauté. Il est Vrai qu’il mène à la Vie s’il est fait en compagnie du pèlerin qui nous mène vers le Père. Des pieds pèlerins. La semelle conquiert le paysage et non pas les roues. Des pieds nus, des pieds chaussés, des pieds avec des cors, des pieds pleins d’ampoules. La plupart des pèlerins dirigent leurs pas, quant aux autres ils se laissent porter par leurs pieds. Le Chemin de Saint Jacques de Compostelle, foulé par des milliers de personnes depuis des siècles. Dans l’ère de la vitesse, décider de marcher c’est voyager dans le passé. Les pieds ressentent le magnétisme des autres pieds qui sont passés par là etse joignent ceux qui ont marché jusqu’au tombeau de Saint Jacques. Le matin, il est tous difficile de repartir ; le soir, les pieds sont exténués. Des pieds rapides, des pieds lents, des pieds de pèlerin qui savent où aller. Vous fusionnez avec les galets, la boue, l’herbe et le pré. Des pieds qui marchent avec la tête et le cœur, qui surmontent la douleur avec passion. Vous vous appuyez sur le bâton, vous vous protégez avecdes chaussures, parce que le pèlerin est assez courageux pour arriver jusqu’au Champ des Étoiles. Le but est vôtre. L’Obradoiro avant la Gloria et pas à pas, notre Père Saint Jacques est toujours avec nous, ami et compagnon.
Le sac à dos
La signification du sac à dos (d’après Vicente Malabia)
Le pèlerin perçoit de manière symbolique tout ce qui rend le chemin de la vie difficile. Les éléments nécessaires se mêlent à d’autres éléments superflus qui pèsent sur le pas léger de la vie. Chaque nuit, le pèlerin est épuisé par un effort excessif, c’est-à-dire, par du poids des biens, des désirs, des manies, des mensonges, des blessures qui ne guérissent pas, qu’il porte sur son dos. Dans le même temps, le pèlerin porte aussi des poids indispensables : le travail, la famille, la passion pour savoir, la recherche de la vérité, la lutte pour la justice, les douleurs de l’accouchement qui annoncent un nouveau monde que n’arrive pas à naître, la souffrance, l’angoisse de ne pas pouvoir aider, la mort…Il semble que nous soyons un nouvel Atlas condamné à porter sur ses épaules l’incommensurable poids du monde. Mais non. C’est comme si Abba Dieu décidait d’infliger à tout être humain la peine que ressentit le Christ au moment de la montée du Calvaire. Ainsi, chaque être humain porterait sa croix, son sac à dos rempli d’un fardeau bigarré, pour arriver enfin à son propre Calvaire, l’endroit de sa mort. Abba Dieu nous attend là-bas pour donner la vie à ce qui a été conçu si laborieusement. Le sac à dos arrive à un Golgotha, où des millions de croix sont érigées formant une seule croix où se trouve le Christ. Quand le pèlerin a délestera son sac à dos de tout fardeau superflu, il recevra le don d’ouvrir les yeux. Il verra alors un nouveau fardeau qu’il portera avec une nouvelle attitude, c’est-à-dire, au lieu de surmonter le monde sur son dos, il porte cet arbre avec légèreté dont dépend la salvation. Abba est miséricordieux